Les enfants disent la vérité

-         Bonsoir Grande Sœur !

-         Bonsoir petite sœur Elisabeth.

-         Comment ca va chez toi ?

-         Ca va merci

-         La famille va bien ?

-         Oui, merci !

-         Tout te convient au village ?

-         Oui, merci !

-         Le Bénin, ca va ?

-         Oui, le Bénin, ca va. Et chez toi, comment ça va ?

-         Ca peut aller… Grande sœur, est ce que je peux coiffer tes cheveux ? Ils sont si doux, si lisses ! et ils brillent.

-         Oui bien sûr Elisabeth ! Mettons nous au travail ! Tu vas me faire la chevelure d’une princesse.

-         Tu sais je t’aime beaucoup grande sœur. Tous les jours, tu joues avec nous dans la cour. Et tu nous fais des câlins. Ca se voit que tu aimes les enfants.

-         Merci ma petite Elisabeth. Moi aussi je t’aime beaucoup !

-         Je trouve qu’ils sont gentils les blancs. Je n’en vois pas souvent. Des fois, j’en vois dans le bureau de Monsieur François, le guide.

-         Toi aussi t’es gentille ma petite Elisabeth.

-         A l’école, on m’a dit que les Blancs sont venus par le passé et qu’ils ont frappé et tué mes ancêtres. C’est vrai ?

-         Oui, petite sœur. C’est vrai. C’est horrible mais c’est vrai. Maintenant c’est différent.

-         Pourquoi vous avez fait ça ?

-         A l’époque, l’Homme Blanc se comportait comme un animal, par ignorance. Il ne considérait pas l’Homme Noir comme son égal compte tenu de ses différences. Les Blancs d’aujourd’hui, comme moi, ont honte de ce passé. Ils considèrent les Noirs comme leurs frères.

-         Si les choses sont différentes aujourd’hui, pourquoi est ce qu’on continue à nous parler votre langue à l’école ? Ce n’est pas la nôtre. Toutes les choses que nous apprenons nous sont transmises en français. Le problème c’est qu’on ne comprend pas toujours bien. Moi je connais mieux mon dialecte à moi, celui que ma Maman me parle. Aujourd’hui, c’est toi qui visite mon pays et c’est moi qui parle ta langue. Moi je ne pense pas que je pourrai aller un jour dans ton pays. Alors pourquoi les choses sont-elles comme ça ?

-         Quel âge tu as ma petite Elisabeth ?

-         J’ai 11 ans.

-         Tu sais, on pourrait en discuter pendant des heures. En effet, le français fait partie d’un héritage que tu n’as pas choisi. Je t’assure que les Blancs que tu croises ici vous veulent du bien. Quand tu grandiras, tu comprendras que le monde est contrôlé par une poignée de personnes, qui n’est pas toujours représentative du peuple … et qui fait souvent n’importe quoi d’ailleurs.

-         Comment ça ?

-         Tu auras tout ton temps pour voir ça à l’école.

-         Mais Grande Sœur, l’école c’est fini pour moi. J’ai 11 ans. J’ai fait tout le cycle primaire. Je sais lire et écrire. Maintenant je dois travailler pour aider ma Maman.