Portrait d'un musicien

1 Mars 2012

- Monsieur Augustin, d’où vous vient cette passion pour la musique ? Quand vous ne jouez pas, vous fabriquez tout type d’instruments… En plus, vous avez consacré plus de 10 ans de votre vie à bâtir ce conservatoire municipal. Est-ce un héritage familial ?

- Pour la guitare, oui, c’est un héritage. Mon père en jouait. Pour la percussion, c’est autre chose. Quand j’étais petit, tout petit même, j’entendais au loin dans la montagne des bruits puissants. C’était le son des percussions et des flûtes des Indigènes, qui chantaient et dansaient pour la pluie, pour le soleil et pour la nature en général. Mais je ne savais pas ce que c’était. J’entendais les sons raisonner mais je ne voyais rien. Je croyais que c’était la montagne elle-même qui parlait et ça m’a fasciné.

- C’est de là que vous vient donc cette passion pour la musique.

- En effet. Encore aujourd’hui, je suis guidé par la nature lorsque je compose. Je trouve mon inspiration dans le bruit de l’eau de la cascade ou dans celui du tonnerre. Le vent aussi me donne la note musicale.

- C’est captivant. Je suis également convaincue qu’il existe un lien direct entre la nature, la culture et bien entendu, la musique.

- C’est sur. Regarde cette liane. Elle me sert à encercler mes congas et à tendre la peau. Touche ce bois, il est souple et léger. Il fait un très bon socle. Et ce bambou et cette canne sont idéaux pour laisser passer le son d’une flûte ou d’une marimba.

- Oui, je vois bien. Mais comment savez-vous tout cela ?

- Dans mon enfance, ma famille a quitté sa terre d’origine pour vivre dans l’Amazonie. Pendant 3 ans, j’ai appris la nature auprès d’un chaman. La végétation nous soigne à plusieurs niveaux. Les plantes savent réchauffer tous nos sens. Tout d’abord, le goût. Quand tu ingères certaines plantes, tu peux guérir de maladies. Ensuite, le toucher. Quand tu les mets au contact de ta peau, elles apaisent d’autres maux. Enfin, l’ouïe. Quand tu entends la musique, ton cœur se réchauffe et ta tête se vide.